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Date de mise à jour : 01/05/2024 (44 nouvelles épaves, 38 mises à jour, 41 nouvelles photos et images)

LA CARMAGNOLE
Frégate de 38 canons

France

Vlissinguen
Echouement, novembre 1800

Frégate XVIII
Frégate sous voiles

Caractéristiques

CARMAGNOLE (1), frégate de quatrième rang de classe Hébé, 38 canons, lancée le 21 mai 1793 à l'Arsenal de Brest sur les plans de Jacques-Noël Sané. Armement : 28 canons de 18, 4 de 36 et 8 de 12. Elle mesure : longueur hors-tout : 142' 6" pied du Roi - longueur de quille : 129' 0" pied du Roi - Baud : 39' 11" pied du Roi - profondeur 19' pied du Roi - Déplacement 1.350 tonnes - jauge 700 tonnes.

D'abord commandée par le apitaine de Vaisseau Zacharie Jacques Théodore Allemand (1762-1826) puis par le capitaine de Frégate Jean Joseph Hubert (1765-1805).

Le 3 octobre 1793, elle capture la frégate anglaise de 32 canons HMS THAMES.


Début 1794 dans l'attente de vents favorables, une division de huit grands vaisseaux vient mouiller sous Cancale. Cette division est composé des vaisseaux de ligne, le Redoutable, la Révolution, le Zélé, le Nestor, le Superbe, le Scivola et l'Aguilon, des frégates : La Pomone, La CARMAGNOLE, La Danaée et de la Félicité, et des corvettes : La Babette, La Société Populaire et l'Assemblée Nationale.
Il y a en outre sur la rade de Cancale : cinq canonnières, deux flûtes et neuf transports. L'on n'a pas de peine à imaginer le nombre important de marins et de soldats qui stationnent ainsi dans notre baie.

"On mande de Breft que le 27 floréal, à cinq heures du foir, notre efcadre eft fortie de la rade par un bon vent de N. E. qu’on attendoit depuis trois femaines. Elle a trois vaiffeaux à trois ponrs, la MONTAGNE de 130 canons, vaiffeau amiral, monté par le repréfentant Jean-Bon Saint-André, & commandé par le contre-amiral Villant, général en chef - le TERRIBLE de 120 canons, contre-amiral Bouvet, commandant de divifion - le REVOLUTIONNAIRE & le REPUBLICAIN, de 110 canons. Vingt-un autres vaiffeaux de 80 à 74 canons, avec environ trente frégates , cutters et autres bâtiments de guerre, formant ce bel armement. Onze vaiffeaux de ligne ftationnés à Cancale, doivent le joindre à la hauteur d’Oueffant; de forte que cette armée navale; fera compofée de trente-fix vaiffeaux de ligne. <br>Il eft impoffible d’exprimer le courage & la gaieté qui régnent dans cette armée, depuis le repréfentant du peuple jufqu’au plus petit mouffe. Tous brûlent d’impatience de fe mefurer avec les ci-devant tyrans des mers dont le regne eft près d’expirer. Sans avoir lien de pofitif fur la deftination de l’armée, on fuppofe qu’elle-va couvrir l’entrée du grand convoi venant de l'Amérique-feptentrionale, & que la divifion de Nully, compofée de cinq vaiffeaux de ligne , ainfi que celle deVanftabel, de deux vaiffeaux , protègent l’attérage de ce riche convoi. Nous avons encore dans le port quatre vaiffeaux prêtfs"
Affiches de Nantes (05/06/1794)


Pendant que cette flotte était au mouillage, les vivres de la CARMAGNOLE étaient avariés et une maladie contagieuse provenant lisait-on de la mauvaise qualité du riz qu'on avait à bord, commença à décimer l'équipage Bientôt cette maladie s'étendit à toute la flotte. En peu de temps deux cent hommes moururent.
Comme l'on descendit à terre les malades et les cadavres, le germe pestilentiel descendit avec eux et les habitants furent atteints a leur tour. Un grand nombre d'entre eux mourut. L'Eglise, la Halle, la maison de Belle-Vue, la Motte-Jean, Peauregard furent convertis en hôpitaux. Après le décès des malheureux pestiférés on conduisit les cadavres par charretées dans un champ près du village de Saint-Jouan. Il a gardé depuis le nom de "Clos des Morts". (2)

En mars 1794, elle s'échoue à Querqueville.

Presse

Presse

Elle est relevée et remise en service et prend le nom de LA RASSURANTE en mai 1795, nom qu'elle garde jusqu'en février 1798 où elle reprend son nom d'origine.

Le ministre de la marine au citoyen Castagner, chef de division : "Lorsque vous avez eu réuni sous votre commandement quatre frégates de la République, la Désirée, la Poursuivant, l'Incorruptible et la Carmagnole, armées à Dunkerque, vous avez reçu, le 12 germinal, l'ordre de conduire ces quatre bâtiments à Flessingue. Pourquoi n'avez-vous pas exécuté cet ordre ?

Le 7 juillet 1800, elle participe au combat de Dunkerque. Elle finit échouée, en novembre 1800 à Flessingue à la position 51° 26' et 003° 32' W

Le Typhus dans la Marine

Un vaisseau de guerre ou marchand constituait un milieu hautement pathogène, où l'hygiène était totalement absente. L'humidité et les déjections suintent dans tout le navire. Ces eaux de toute nature s'accumulent au fond de la cale, formant un "marais nautique" où prolifèrent rats et moustiques. Jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, les matelots ne se lavent pas et gardent les mêmes vêtements pendant des semaines ou des mois.
La première description de la fièvre du typhus à bord de navires est faite en 1636 dans la Royal Navy. Au 18e siècle, elle prend le nom de "typhus nautique", qui sera plus tard assimilé au typhus murin (transmis par la puce du rat).

L'écraseur de poux
L'écraseur de pou (vers 1640) par Joos van Craesbeeck

Cette maladie devient si fréquente dans toutes les marines européennes qu'elle peut paralyser des opérations. Les pertes les plus élevées sont celles de la guerre de Sept Ans, où la Royal Navy, à elle seule, perd 75 000 hommes par maladie.

Brest 4 novembre 1757. Arrivée à Brest de l'escadre commandée par Dubois de La Motte avec environ 5 000 hommes malades du typhus. Le comte Du Guay, de retour du Québec, alerte la Cour : "Les vaisseaux le Bizarre (3) et le Célèbre (4) viennent de mouiller dans cette rade. Je vais donner les ordres pour faire descendre les malades en grand nombre."
Le port militaire s'apprête à vivre une grave épidémie de typhus. En 1757, le typhus devient "la maladie de Brest"

Ozanne
Nicolas Marie Ozanne, Vue du port de Brest, 18e siècle, Musée du Louvre

En 1742, les deux épidémies font autour de 40 000 victimes en Bretagne et particulièrement au nord-est de la région.

En 40 ans, la Bretagne aurait perdu autour de 100 000 habitants. Une disparition liée sûrement à l'appauvrissement de la région et à son sous-développement.

 

Notes

1. La Carmagnole : La carmagnole est une veste à basques courtes et à gros boutons, jaquette de cérémonie portée par les paysans. Introduite en France par un jacobin (1791), elle prit une teinte politique. Elle inspira un chant populaire, "La Carmagnole". La carmagnole est à relier au vêtement porté par les paysans piémontais : Carmagnola est un village de la région de Turin.

2. Les Cahiers de la vie à Cancale

3. Le Bizarre est un vaisseau de ligne de deux-ponts portant 64 canons, construit par J. L. Coulomb à Brest en 1749-50, et lancé en 1751. Il est perdu par naufrage en 1782.
En 1755, le Bizarre est commandé par le capitaine de Perier de Salvert lorsqu'il est intégré à l'escadre de Dubois de La Motte.
En 1757, le Bizarre passe sous le commandement du capitaine De Montalais. Il est affecté à l'escadre de onze voiles du lieutenant général Dubois de La Motte qui part de Brest le 3 mai pour aller défendre Louisbourg. Jugeant sa position très solide, Dubois de la Motte détache le Bizarre et le Célèbre pour Québec avec les 2e et 3e bataillons du régiment de Berry. Les deux navires rentrent ensuite directement vers la France.
Le 4 octobre 1782, sous le commandement de M. de Thérouet, il s'approche trop près du rivage sur la côte de Coromandel et le navire se trouve happé par la barre des brisants. Le Bizarre s'échoue près de Gondelour et ne peut être dégagé. La houle le disloque peu à peu, mais Suffren réussit à sauver l'équipage et une partie de l'artillerie, la mâture, du matériel et des vivres au profit du reste de l'escadre.

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N. Ozanne Vaisseau de 64 canons

4 . Le Célèbre était un vaisseau à deux ponts portant 64 canons, mis sur cale par Geoffroy ou Pierre Salinoc à Brest en 1755, et lancé en 1757. Il fut construit pendant la vague de construction qui sépare la fin de guerre de Succession d'Autriche (1748) du début de la guerre de Sept Ans (1755). Il participa à deux missions pour la sauvegarde du Canada français et fut incendié en 1758 au siège de Louisbourg.
Le 3 mai 1757, sous le commandement de Hilarion Josselin Du Guay, il quittait Brest dans l'escadre de neuf vaisseaux et deux frégates commandée par Dubois de La Motte et qui devait fait sa jonction avec deux autres forces afin de défendre Louisbourg. Mission accomplie le 19 juin, lorsque l'escadre entra dans le port, y formant l'importante concentration navale qui sauva la place de l'invasion cette année-là. En août, Dubois de La Motte, qui commandait les trois escadres réunies, jugea que sa force navale était assez puissante pour tenir en échec toute attaque britannique. Sur ce, il envoya à Québec en renfort le 2e et le 3e bataillons du Régiment de Berry (4) à bord du Bizarre et du Célèbre. Les deux navires rentrèrent ensuite seuls sur Brest.

4. Régiment de Berry : À l'origine, les 2e et 3e bataillons du régiment de Berry devaient être mobilisés en Inde. Cependant, à la demande de renforts placée par Montcalm et Vaudreuil, la destination du régiment est modifiée : il débarque en Nouvelle-France à la fin de juillet 1757. Les deux bataillons sont postés à Québec.

Régiment du Berry

 

Sources

"Nomenclature des Navires Français de 1774 à 1792", Alain Demerliac ; Affiches de Nantes et du département de la Loire-inférieure (02/04/1794) ; Les Cahiers de la Vie à Cancale n° 5 ; A.D. 76 (6 P5_043, f° 170) ; "Répertoire des navires de guerre français", J. Vichot ; Wikipedia ; "Environnement et épidémies : Brest au XVIIIe siècle", Jean-Pierre Goubert