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Date de mise à jour : 30/10/2017 (60 nouvelles épaves, 41 mises à jour)

Le tragique destin des marins

du pétrolier BRUMAIRE (1928-1940)

Attaque aérienne, le 20 juin 1940
Belle-Ile

et du paquebot MEKNES (1913-1940)
ex PUERTO-RICO

Pavillon françaisPavillon Société des Transports Maritimes pétroliers

Torpillage, le 24 juillet 1940
Sud Portland

SS BRUMAIRE
SS Brumaire

Meknes Ex Puerto Rico
Meknes Ex Puerto Rico

Caractéristiques du Brumaire

Pétrolier commandé par la Marine marchande française, pour la Compagnie Nationale de Navigation. Date du marché : 29 octobre 1928. Date de la pose de la quille sur cale : 10 février 1929 à la Société des Chantiers de Normandie, Grand-Quevilly.

Il est lancé le 12 avril 1930 et mis en service le 28 juin 1930. Ses caractéristiques sont les suivantes : l = 134,72 ; la = 17,83 ; longueur entre les perpendiculaires = 129.40 m ; longueur hors tout = 134,72 m ; largeur = 17,83 m ; creux = 10.16 m ; tirant d' eau = 8.54 m ; poids lège = 3 900 tonnes ; port en lourd = 11 840 tonnes ; déplacement = 15 740 tonnes ; jauge brute = 7 638 tonneaux ; jauge nette = 4 348 tonneaux

La Compagnie Nationale de Navigation est absorbée en 1938 par la société Pechelbronn et devient Compagnie des Transports Maritimes Pétroliers. Le pétrolier est revendu aux Chantiers et Ateliers de Saint-Nazaire Penhoët en 1934.
Il est à nouveau vendu à la Société des Transports Maritimes pétroliers en 1936.

Caractéristiques du Meknès

Le MEKNES était un ancien paquebot de la Compagnie Générale Transatlantique, lancé aux chantiers de Grand-Quevilly, le 20 mai 1913 sous le nom de "Puerto-Rico", rebaptisé en 1929 "Meknès", doté de deux nouvelles chaudières et de la chauffe au mazout.

Type du propulseur : 2 hélices. Année d'entrée en flotte : 1914 Longueur (en mètres) : 131,50 Largeur (en mètres) : 15,54 Jauge brute (en tonneaux) : 6127 Port en lourd (en tonnes) : 3456 Type de moteur : à pilon, 3 cylindres Puissance du moteur (en chevaux) : 5000 Vitesse en service (en noeuds) : 14,5

il est affecté à la ligne Bordeaux-Casablanca et fait sa première traversée le 2 octobre 1929.

Le naufrage du Brumaire

 

Brumaire
The National Archives, Kent(BT/389/35)

Le 17 juin 1940, en route de Falmouth au Verdon, sous les ordre du capitaine JEAN Pierre, le navire subit une première attaque du sous-marin allemand U 25 (Heinz Beduhn) (1) près de Quiberon. Une seconde attaque aérienne, le jour suivant lui est fatale : le navire se casse en deux entre Quiberon et Le Verdon-sur-Mer, au large de Belle-Isle. L'équipage de 37 hommes est recueilli par le destroyer anglais GRIFFIN et ramené en Angleterre.

Le naufrage du Meknès

Le 20 novembre 1939, le "Meknès" est réquisitionné pour participer à la seconde guerre mondiale. Mi-juin 1940, le paquebot Meknès est amarré dans le port de Brest. Il transporte alors des réfugiés à destination de la France et de l'Angleterre. Le jour de l’appel du 18 juin du Général de Gaulle, des dizaines de soldats embarquent pour rejoindre l’Angleterre et se rallier aux forces du FNFL à Londres.

Le Meknès appareille de Southampton à destination de Marseille, le 24 Juillet 1940 avec plus de 1300 marins français dont 102 appartenant à l’équipage, 99 officiers et 1080 marins qui étaient tous personnel de la Marine Nationale. La France ayant capitulé en Juin, les hommes qui ne veulent pas demeurer en Grande Bretagne sont rapatriés. Parmi eux une partie des marins, sauvée du naufrage du BRUMAIRE : HUYEAUX Jean 4e mécanicien à bord du Brumaire, JEAN Pierre Capitaine à bord du Brumaire, MENAUTE matelot à bord du Brumaire y touveront la mort.

Vers 23 heures, au large de Portland, le navire est soudain mitraillé par la vedette rapide allemande S 27 (Enseigne Klug) (2). Le commandant Dubroc fait alors stopper son navire et signale clairement son nom et sa nationalité, dans l’attente d’une explication de la part des Allemands. En guise de réponse, il reçoit une torpille qui le frappe en plein flanc. Il ne faut au navire que 8 minutes pour couler. Le naufrage fait 420 victimes. Les rescapés sont récupérés le lendemain par des navires qui prennent la direction de Portsmouth. Les cadavres des passagers du "Meknès" sont retrouvés au pied des falaises de la côte normande et d'Angleterre. Les 900 rescapés furent recueillis par les torpilleurs anglais HMS DRAKE, WOLVERINE, SABRE et SHIKARI. qui les débarquèrent à Weymouth.

"During the night the French ship Meknes, bound for Marseilles from Southampton with 100 French Naval officers, including Admiral Cayol, and 1,186 ratings, who were being repatriated, was torpedoed off the Dorset coast, probably by an E-boat. She was showing illuminated distinguishing marks at the time. About 1,000 survivors were picked up by destroyers sent from Portsmouth and the Western Approaches."

Des rumeurs ont fait état à l’époque d’un torpillage volontaire perpétré par la Royal Navy. Cette hypothèse saugrenue ne trouva que peu d'échos dans une opinion pourtant manipulée par la propagande de Vichy, suite à l’émotion consécutive aux évènements de Mers el Kébir (4), le 3 Juillet. Le gouvernement de Pétain n'en rejettera pas moins la responsabilté aux Britanniques comme en témoigne cet article du Petit courrier daté du 27 juillet 1940 :

Presse MEKNES

Rapport de mer :

"Nous sommes partis de Southampton, à destination de Marseille, le 24 juillet 1940, vers 16 h 30, ayant à bord 1.180 officiers et marins rapatriés et 104 hommes d'équipage, le navire étant en bon état de navigabilité et largement pourvu d'engins de sauvetage. Passé le Nab vers 18 h 40. Nord-Sud de Ste Catherine à 10 milles à 20 h 10, nous faisons route au 241 à une vitesse de 15 nds. Vers 22 h 55, nous sommes surpris d'entendre une rafale de balles de mitrailleuses venant de bâbord et assez près. Un certain nombre de balles atteignent le bord et d'autres passent sur l'avant. Nous reconnaissons des balles traçantes de couleur rouge.
Nous stoppons aussitôt, croyant avoir affaire à un patrouilleur. Nous indiquons notre manoeuvre par deux coups de sifflet prolongés ; en même temps, nous essayons de nous faire reconnaître par signaux morses. Aucun "aperçu" ne nous est fait sinon une nouvelle rafale de mitrailleuses dont plusieurs balles atteignent la passerelle. Enfin, vers 23 h 05, nous recevons une torpille par bâbord entre les cales 3 et 4. Donné aussitôt l'ordre de mettre les canots à la mer. Signalé notre torpillage par SOS au moyen du poste de TSF de secours, le courant électrique ayant été interrompu peu après l'explosion de la torpille.
Le navire a commencé à s'enfoncer lentement par l'arrière puis s'est cassé à la hauteur du roof arrière. Les deux extrémités se sont alors un peu relevées, puis se sont enfoncées ensuite sans provoquer d'explosion ni de remous excessifs. Au moment du torpillage, le navire était très largement éclairé, en outre des feux de navigation. L'éclairage des ponts et des emménagements fonctionnait normalement, des projecteurs éclairaient de chaque bord les marques de nationalité peintes sur la coque, deux puissantes lampes éclairaient le pavillon français resté hissé.

SS MEKNES
SS MEKNES

Il ne pouvait y avoir aucun doute sur la nationalité du navire ni sur ses intentions puisque nous avions stoppé dès les premiers coups de mitrailleuses. En résumé, il s'est écoulé approximativement 10 minutes entre la première manifestation des mitrailleuses et le torpillage, et de 5 à 8 minutes entre ce moment et la disparition totale du navire.
Vers 22 h 35, c'est-à-dire environ 20 minutes avant les premiers coups de mitrailleuses, le timonier de veille a vu par tribord un sillage pouvant être celui d'une vedette rapide venant de l'arrière et gisant une route à 45° de la nôtre. En dehors de cela, nous n'avons rien vu ni rien entendu. Nous pouvons juger cependant que l'attaquant était peu éloigné d'après le point de départ des balles. La mise à l'eau des embarcations et des radeaux s'est effectuée avec rapidité et précision sous la direction du second capitaine et des officiers du bord, efficacement aidés par les officiers de marine passagers. Le résultat a été remarquable si on considère le peu de temps dans lequel cette opération a dû être faite. Sept embarcations sur dix ont pu être utilisées. Une, percée par les balles de mitrailleuses, a coulé aussitôt à l'eau ; deux ont dû chavirer pendant la manoeuvre. Une grande quantité de matériel en bois, flottant après l'enfoncement du navire, a permis à beaucoup d'hommes projetés à la mer de se maintenir sur l'eau. La mer était relativement calme avec un peu de clapotis ; le vent faible du NW, le ciel clair, la lune se levait. Les radeaux sont restés groupés. Les embarcations se sont un peu rapprochées de terre. L'ensemble des naufragés a été recueilli au jour par les navires de guerre britanniques venus pour nous secourir.
Au rassemblement de l'équipage à Weymouth, nous avons constaté qu'il manquait 53 membres de l'équipage du Meknès, dont le chef mécanicien, M. Sauveget et son officier de quart, M. Antignac. Manquait aussi toute la maistrance du pont. Il n'est pas douteux que ces hommes sont restés à leur poste jusqu'au dernier moment et ont été victimes de leur dévouement. Parmi les manquants, plusieurs ont été victimes de balles de mitrailleuses ou tués par l'éclatement de la torpille, d'autres ont pu être immobilisés dans les faux-ponts par la rupture des échelles...

Liste des disparus

Liste des Rescapés

Des questions se posent en ces jours de l'anniversaire de l'appel du 18 juin. Ces marins suivaient-ils les ordres des amiraux pétainistes ? Etaient-ils mal informés ? Désorientés ? Menacés ? Pour tenter de comprendre, lisez ces quelques articles empruntés à un quotidien français en juillet 1940, ainsi que le rapport britannique de visite des survivants. Une chose est sûre c'est qu'ils tous ont été victimes de la barbarie nazie et qu'ils ne doivent pas être oubliés...

Positions
Brumaire :

Position présumée
Lieu du naufrage du Brumaire

Meknes :

 

Zone : S Portland Géodésie : WGS 84
Latitude : 50°11'425 N - Longitude : 002°13'738 W

 

Notes

1. U-25 : mis en chantier le 28 juin 1935 aux chantiers AG Weser, Bremen (Yard number: 903). Lancé le 14 février 1936. Mis en service le 6 avril 1936. Perdu le 1 août 1940 au nord de Terschelling. 49 morts. Caractéristiques Type: IA, il est affecté à la 2. Unterseebootsflottille (identification codes: M 10 950). Commandants successifs : Eberhard Godt, Werner von Schmidt, Otto Schuhart, Georg-Heinz Michel, Viktor Schütze, Heinz Beduhn. Operations:cinq patrouilles Victores: 7 navires coulés pour un total de 33.209 GRT, 1 navire de guerre de 17.046 GRT et un navire endommagé (7.638 GRT)

2. S 27 : Déplacement: 100 tonnes (max) 78,9 tonnes (standard) - Longueur: 32,76 m baud : 5,06 m hauteur: 1,47 m - Propulsion: 3 Daimler Benz twenty-cylinder diesel MB 501 ; 3.960 hp - vitesse: 43,.8 noeuds. équipage : 24–30 - Armement: 2 × 533 mm tubes lance-torpilles (4 torpilles) 1 × twin 20 mm C/30 canon, 1 × single 20 mm canon 1 × 37 mm Flak 42 canon. Le S 27 N° 12 771, a été lancé le 5 juillet 1940 par les chantiers Lürrsen Fri, Brême. Ce navire a coulé le SS Lulonga (26 Juillet 1940), le Fife Coast (8 août 1940), le PLM 14 (18 octobre 1940), le Rye (8 mars 1941). Ce bâteau a été détruit le 5 September 1942 au sud de la péninsule de Taman dans la mer Noire par une torpille tirée accidentellement par le S 72.

schnellboot

4. Mers el-Kébir : Le 3 juillet 1940 la marine britannique attaque une escadre de la marine française mouillant dans le port militaire de Mers el-Kébir . Il y eut 1 380 morts. Le Royaume-Uni, alors seul devant l'ennemi, craignait que l'armistice signé par le gouvernement français avec l'Allemagne nazie quelques jours auparavant ne fasse tomber cette flotte dans les mains d'Hitler, lui permettant ainsi de remettre en cause la suprématie maritime britannique et lui faisant courir un grave péril.

Vidéo
Mers-El-Kébir

Sources

"Verluster deutscher handelsschiffe 1939-1945" von Urs Heßling ; The National Archives, Kent (BT/389/35) ; British and Other Navies in World War 2 Day-by-Day by Don Kindell ; Association French Lines ; UK Hydrographic Office ; http://pagesperso-orange.fr/dieppe76/ ; "La marine marchande francaise 1939/45 " Vol. 1 ; "Chronik des Seekrieges 1939-1945", Landesbibliothek, Stuttgart ; Conseil régional de Haute-Normandie (Inventaire général IM76006132) ; http://pagesperso-orange.fr/dieppe76/meknes-disparus2.html ; S.H.M. Vincennes (TT A 278, TTY784) ; Le Petit Courrier (juin et juillet 1940) ; The National Archives, Kent (cab/66/10/17 - BT 66/10/45 -389/39) ;